Journal d'une soumise

Je suis...

Une femme, une mère, une amie une copine, c'est selon, et sa soumise depuis peu.

Je suis, telle que vous ne me voyez pas, parfaitement épilée et pour l'heure vêtue d'une robe qui dissimule un soutien gorge en dentelle et une paire de bas gris fumés, chaussée d'une paire de bottes noires, à sa demande.

J'ai émis le désir, je fais le choix de me soumettre au bon plaisir de mon Maître aux moments dont il décidera. Je prends cette décision en mon âme et conscience dans le but de me livrer à lui et ses envies, son plaisir, ses fantasmes. Ce choix de tout lui satisfaire est un don mais également un acte viscéralement égoïste, celui de savoir que mes envies, mes plaisirs, mes fantasmes seront exaucés.

L'amour et la complicité nous lient.

Je m'en remets à lui, juste munie d'un safeword, car je sais qu'il nous emmènera sur des chemins troublants, excitants, sensuels, même si difficiles.

Je suis prête à tout pour lire le plaisir dans ses yeux,  qu'il me fasse dépasser mon éducation judéo-chrétienne et aborder des plaisirs que je ne saurais aller chercher seule.

Nous sommes...

Un couple, marié depuis plusieurs années, parents responsables d'un délicieux enfant, toutes proportions gardées.

Notre vie est agréable et confortable, nos relations, intellectuelles, sexuelles, sociales, épanouissantes. Des évènements récents, familiaux, personnels, graves, combinés à une routine, la négligence de l'Autre en tant qu'être choisi, aimé et désiré nous ont mené au bord d'un précipice. Dans lequel nous aurions pu tomber, facilement, mais duquel nous avons fait le choix et pris la décision commune de nous écarter, à grand renfort de sentiments et d'intelligence.

Cette somme toute banale crise de couple aura, a, entre autres mérites celui de déclencher une communication verbale qui n'avait plus la part belle depuis lurette dans notre relation.

Aussi un jour j'écrivis ceci à celui qui n'était alors que mon mari, mon amant, celui qui était en train de redevenir mon meilleur ami après que nous ayons failli nous perdre :

"J'aimerais bien que nous nous essayions à un vrai truc BDSM, pas systématique, pas automatique, mais un truc construit avec ce que cela implique de construction intellectuelle au delà de l'érotique et du sexuel. Un truc avec des rendez-vous, un abandon, une confiance, un engagement, des exigences, du plaisir. Je te renvoie à l'assez complet me semble-t-il, d'un pur point de vue intellectuel, article de Wikipedia sur le sujet, que je lisais tout à l'heure : http://fr.wikipedia.org/wiki/Bondage_et_discipline,_domination_et_soumission_et_sado-masochisme"

Il me répondit qu'il allait se pencher sur le sujet, et me répondit par la positive.

Il convient de préciser que nos ébats sexuels sont depuis longtemps sur la voie de la domination/soumission, mais de façon silencieuse et par la même non-entière. Depuis plusieurs années il prend, et je prends, plaisir à jouer avec mes seins au delà du simple titillement, à m'asséner quelques coups de cravache sur les fesses, et nous avons plusieurs sex-toys qui ne sommeillent pas au fond d'un placard, du plug anal aux pinces à seins, nous nous sommes prêtés aux jeux uro volontiers, et je me souviens avoir fini les seins à l'air à sa demande en voiture.

Les présentations étant je crois faites, j'en viens aux débuts du début de cette aventure.

Juste avant de commencer ce blog...

Nous nous sommes conjointement lancés dans une documentation sur le sujet du BDSM, dont nous effleurions bien les principes et applications, moins les desseins et motivations.

Plusieurs sites nous ont été les premières références, et nous avons pris plaisir à les lire, tant pour leur fond que pour leur forme.

Je citerai:

http://mehere.free.fr/alamut/index.html

http://www.bdsminfo.org/accueil.php?page=f10bienvenue

http://bdsm.lapartdelombre.fr/ et http://cercleo.net/

Y étaient énoncées des façons d'envisager ce type de relation qui nous convenaient, et nous semblaient dans leurs différences comme leurs similitudes complémentaires.

Aussi prîmes-nous la décision de me faire remplir la fameuse checklist, celle qui de façon relativement exhaustive recense les différents aspects du BDSM, sous une forme très factuelle, et fait déjà un peu lâcher prise.

C'était déjà une difficulté pour moi que de répondre en toute honnêteté concernant non la difficulté mais l'envie de voir telle ou telle pratique se réaliser possiblement.

Que va-t-il penser de moi, que dois-je penser de moi si j'avoue avoir cette envie... ? Ce premier miroir je le franchis et nous l'avons relu ensemble. J'opposai peu de "non" catégoriques, les quelques qui me restent en mémoire sont l'électricité, le chalumeau et son compère le décapeur thermique, la privation de sommeil (oui...)

Ce qui m'amène à quelques réflexions...

Le BDSM est pour nous un jeu. Un jeu sérieux, responsable, engagé, mais un jeu. Qui, au delà de ma position de soumise et de sa position de Maître n'enlève rien à nos intelligences. Nos responsabilités personnelles et professionnelles, notre vie de famille, notre vie sociale.

Et notre sens commun.

Nous avons, nous aurons, des phases de jeu, et j'insiste sur le fait que le terme de jeu n'implique pas que les choses soient faites à la légère.

Et des phases de vie disons, habituelle, ou mon heureux caractère et ma petite personnalité continueront à s'épanouir pleinement.

La transition entre ces deux états intervient au moment ou mon Maitre passe envers moi du vouvoiement au tutoiement.

Notre quotidien étant constitué depuis quelques temps du "vous", lorsqu'il me tutoie je sais que je suis sous sa coupe.

Possiblement notre façon d'envisager les règles du jeu évoluera.

De l'intérêt de ce blog, que j'entame sur sa suggestion et non son ordre, qui a vocation à devenir un journal de bord, et un exercice pour moi qui rechigne à écrire davantage que quelques mails en dépit de quelques dispositions, et à faire part de mes sentiments.

Mon Maître décidera, ou pas, d'y écrire.

Son titre quant à lui, "devenir sa", est incomplet, étant entendu qu'au delà de "sa soumise", mon Maître n'a pas encore tranché si c'est le terme de chienne, salope, l'un n'empêchant pas l'autre, qui l'emportera.